Pour vous inspirer et vous aider à choisir où placer votre argent, découvrez l'exemple de Nicolas.
Définir une stratégie patrimoniale claire et choisir où placer son argent n’est pas si facile. Plutôt que de partir d’une feuille blanche, il peut alors s’avérer utile de s’inspirer de l’expérience de personnes avisées et d’exemples concrets. Puis de les adapter à ses propres objectifs.
C’est dans cette optique que nous vous proposons l’article Interview ci-dessous avec Nicolas, cofondateur du site Avenue des Investisseurs. En espérant qu’il vous sera utile.
(Franck) Bonjour Nicolas, je vous remercie pour le temps que vous nous accordez. Pour commencer, pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours?
(Nicolas) Je suis issu d’une famille de la «classe moyenne supérieure». Enfance plutôt heureuse dans un village du Pas-de-Calais. Mes parents n’ont pas fait d’études, mais m’ont encouragé à en faire, donc j’ai pu avoir une maitrise (BAC+4) en comptabilité-finances. Des études autour des chiffres, mais on est loin d’apprendre à investir dans ce type de formation! Tout au plus, j’avais appris le mécanisme du prêt amortissable.
J’ai ensuite été contrôleur de gestion pendant 15 ans, sans grande passion. Pendant ce temps, vu que je dégageais une bonne capacité d’épargne et que je voulais faire travailler cet argent, j’ai appris à gérer mon argent et à l’investir. J’étais motivé par l’idée que mieux l’argent travaille pour moi, moins j’aurai besoin de vendre mon temps contre de l’argent.
C’était le début de ma passion pour l’investissement, et c’est ce qui m’a mené à créer mon propre blog il y a 4 ans avec Ludovic pour retranscrire toutes nos connaissances: Avenue des investisseurs. Depuis, nous avons autour de 150000 lecteurs par mois et nous sommes très heureux de contribuer à l’éducation financière des Français!
(Franck) En tant qu’investisseur, quel est votre profil de risque? Pourriez-vous quantifier votre risque global entre 1 à 7 (1: risque très faible, 7: risque très élevé)?
(Nicolas) Je dirais un risque global de 4/7.
Avec ma résidence principale qui fait office de sécurité (besoin de sécurité, base de la pyramide de Maslow), ainsi que quelques milliers d’euros en livret A et en fonds euro.
Et tout le reste investi sur les marchés sur du long terme: actions, immobilier, et plus marginalement les cryptomonnaies.
(Franck) Quelle est votre approche globale pour votre patrimoine, et où placez-vous votre argent par grandes classes d’actif (hors votre propre maison ou appartement)? Pourquoi une telle répartition?
(Nicolas) Je viens d’acheter ma résidence principale et j’ai dû vider mes fonds euros en guise d’apport. Heureusement, j’ai pu préserver mon PEA, mes SCPI et mes investissements en compte-titres ordinaire.
Ce sont mes investissements en actions, immobilier et cryptos qui doivent contribuer à la performance. Le fonds euro est seulement là pour amortir la volatilité globale et pour avoir une réserve en cas de besoin (apport pour achat immobilier par exemple).
Mon allocation actuelle est ainsi:
Mais voici mon allocation cible, après avoir reconstitué mon fonds euro:
Bien sûr, à chacun son allocation selon ses projets et son aversion aux risques.
(Franck) Quelles enveloppes fiscales privilégiez-vous pour placer votre argent? Pour quelles raisons?
(Nicolas) Clairement, le PEA et l’assurance vie (voir les différences) sont pour nous les meilleures niches fiscales françaises. On peut capitaliser sans impôt pendant des années, même si on réalise des ventes avec plus-value, tant que l’on ne sort de l’enveloppe. Et quand on sort après les 5 ans du PEA et les 8 ans de l’assurance vie, on peut être exonéré d’impôt sur le revenu sur les gains.
En plus, le PEA permet d’investir de façon très large en actions, même sur les actions hors Europe via les ETF. Et l’assurance vie permet de diversifier et de placer en fonds euro sécurisé, ou en unités de compte pour dynamiser (ETF, SCPI…).
Bref, on recommande toujours de prendre date sur ces 2 produits. Mais il faut bien choisir son PEA et ses assurances vie, pour éviter les produits trop chargés en frais destructeurs de performance à long terme.
(Franck) Si une partie de votre patrimoine est investi sur des placements «sécurisés», j’imagine que cela rapporte de moins en moins. Où placez-vous votre argent sur cette partie sécurisée? Comment vivez-vous et gérez-vous les baisses actuelles de rendement sans risque?
(Nicolas) Effectivement, les fonds euros tendent vers 1% de rendement. Voire 0,50%. Dans un univers de taux 0, c’est logique et il fallait s’y attendre, les fonds euros rapportant 3% étaient une anomalie.
Il n’y a pas de secret, si on veut bien faire travailler son patrimoine, il faut placer ailleurs que sur les placements sécurisés. On ne peut plus avoir à la fois du rendement et de la sécurité. Je le vis plutôt bien, il faut être pragmatique, on doit s’adapter à l’environnement économique. Le livet A à 10% était déjà de l’histoire ancienne depuis des décennies, maintenant c’est le fonds euro à 4% qui est de l’histoire ancienne.
Ainsi, je vise seulement 20% de mon patrimoine en fonds euro et tout le reste a vocation à être investi sur les marchés sur du long terme : actions, immobilier et plus marginalement les cryptomonnaies. De quoi viser environ 4% de rendement global sur le patrimoine (en moyenne annuelle lissée, avec des hauts et des bas selon évolution des marchés).
Si on n’investit pas à long terme, ou si on ne supporte pas la volatilité, on reste investi à 100% en livrets et fonds euros et dans ce cas pas de miracle, on a une espérance de rendement de 0,50%. Et un patrimoine qui se développe à faible rythme, en se faisant dévorer par l’inflation.
(Franck) Focalisons-nous maintenant sur vos investissements immobiliers. Où placez-vous votre argent en immobilier: plutôt en locatif en direct, ou via des placements tels que SCPI, OPCI, crowdfunding, foncières ou ETF immobiliers? Pour quelles raisons?
(Nicolas) Je suis pour l’instant investi seulement en pierre-papier. Plus précisément sur 3 SCPI. En effet, je préfère déléguer à une société de gestion, plutôt que d’acheter directement des appartements. Ce serait trop chronophage et je n’ai aucune passion pour la gestion de biens locatifs. Je suis un investisseur «lazy», je veux optimiser sans que cela ne devienne un 2ème métier.
Et puis je trouve cela très stressant d’être concentré sur quelques appartements seulement. Je préfère la diversification offerte par les SCPI et les ETF notamment.
(Franck) Comment sélectionnez-vous plus précisément les SCPI où vous placez votre argent? Exemples ?
(Nicolas) Pour mes SCPI, je voulais diversifier sur 3 sociétés de gestion différentes. Et sur des marchés différents: le résidentiel, les bureaux et les commerces. Donc j’ai choisi 3 SCPI.
Aussi, je voulais au moins une SCPI de «fond de portefeuille», qui avait prouvé sa résilience. Ainsi, j’ai choisi Immorente, SCPI qui s’était très bien comportée lors du krach immobilier des années 90: le prix des parts avait continué d’augmenter, alors que beaucoup de SCPI chutaient de près de 40%.
(Franck) Avez-vous recours à des montages spécifiques ou dispositifs fiscaux spécifiques? LMNP, LMP, SCI, dispositif Pinel, Denormandie ou autre ?
(Nicolas) À 23 ans (cela remonte à 15 ans!), en sortie d’études, j’ai directement acheté un appartement pour faire du locatif. Mais je n’y connaissais rien, j’ai acheté un Robien à un prétendu conseiller en gestion de patrimoine qui était en réalité seulement un vendeur d’immobilier défiscalisant. J’ai rapidement compris mon erreur (achat trop cher, mauvaise construction, zone peu dynamique…), mais c’était trop tard. J’ai fini par vendre il y a quelques années en me coupant une main.
Mais cela m’a bien servi de leçon. C’est ce qui m’a motivé à apprendre à gérer de façon autonome et à ne plus faire confiance aux «conseillers». Du moins, si je m’entoure parfois encore de conseillers, je suis maintenant en mesure de les challenger et de savoir ce qui est dans mon intérêt ou seulement dans leur intérêt.
En 2022, j’ai le projet d’investir dans un appartement ancien, sous le statut LMNP. C’est ce que j’estime être la meilleure niche fiscale pour investir en immobilier. Vu l’amortissement comptable pratiqué en déclarant au BIC réel, on obtient pendant plusieurs années un résultat fiscal à 0 € et donc 0 impôt sur les revenus locatifs. En faisant un bon achat au bon prix, on peut compter faire ensuite une bonne revente.
J’envisage un achat patrimonial dans une grande ville (avec bonnes perspectives de valorisation), plutôt que de rendement. La rentabilité se fait souvent plus sur l’évolution des prix que sur le rendement du loyer (comme avec les actions). Pour le mode d’exploitation, je penche pour du meublé et éventuellement en location saisonnière, pour me réserver des semaines d’utilisation personnelle en famille. En déléguant la gestion, pour conserver ma tranquillité, quitte à laisser du rendement sur la table.
(Franck) En ce qui concerne la bourse, quelle est votre approche générale et sur quels types de titres investissez-vous (actions, ETF, fonds, autres…)? Pourquoi ?
(Nicolas) En débutant, j’investissais avant tout sur des titres en direct. Et particulièrement les sociétés généreuses en dividende. Et majoritairement en France (biais domestique). Bref, toutes les idées reçues et les erreurs de débutant !
En phase de capitalisation, les dividendes ne servent à rien. Et cela fait investir sur les sociétés qui végètent, plutôt que sur les sociétés qui versent peu de dividendes car elles préfèrent investir et se développer.
Après m’être rendu compte que je sous-performais chaque année l’indice MSCI World, en vivant pourtant une volatilité plus élevée (car portefeuille peu diversifié), j’ai fini par changer de stratégie. Depuis quelques années, j’investis quasi exclusivement en ETF qui reproduisent la performance du MSCI World (plus marginalement du S&P 500 et du Nasdaq). Car obtenir la performance du marché, c’est déjà faire mieux que 95% des investisseurs en bourse (y compris les gérants de fonds qui travaillent 50 heures par semaine). Et c’est fidèle à ma philosophie d’investisseur lazy, je vise la performance sans y passer du temps.
(Franck) Pourriez-vous nous indiquer quelques exemples de titres sur lesquels vous êtes investi en ce moment?
(Nicolas) C’est l’allocation patrimoniale qui contribue le plus à la performance. Entre une allocation défensive ou dynamique, sur du long terme, il y a un monde en matière de développement du patrimoine.
Ensuite, dans le détail, pour chaque actif (actions, immobilier…) il faut essayer de ne pas faire de bêtise. Pour les actions, j’ai arrêté de me croire plus malin que le marché en sélectionnant des titres, je veux juste suivre la tendance haussière du marché à long terme. Donc je fais simple (et efficace) avec notamment un ETF Lyxor World et un autre Amundi World (pour diversifier les émetteurs).
Ceci dit, il me reste quelques valeurs auxquelles je suis attaché. Air Liquide, Amazon et LVMH pour ne citer qu’elles. Des leaders mondiaux de leur secteur. Mais ces titres pèsent peu dans mon portefeuille.
(Franck) Autres détails sur votre patrimoine ou sur certaines classes d’actif que nous n’avons pas abordé ? Dans ce cas, où placez-vous votre argent sur cette poche d’investissement spécifique?
(Nicolas) J’ai fait quelques allers-retours sur le Bitcoin ces 3 dernières années. Mais toujours une part marginale de mon patrimoine (moins de 5%), donc pas de quoi devenir riche.
C’est un actif atypique… mais de moins en moins, car il s’institutionnalise de plus en plus.
Encore une fois, je préfère être lazy: je n’ai pas appris un nouvel écosystème pour investir en cryptomonnaies. J’utilise simplement un outil que je connais, dont je suis familier aussi bien techniquement que fiscalement: le compte-titres. Et j’investis en ETF.
(Franck) Nous arrivons au terme de notre interview. Encore merci pour ces échanges. Un dernier mot ou conseil que vous aimeriez partager à nos lecteurs sur la gestion de leur patrimoine?
(Nicolas) Merci pour l’invitation, toujours heureux d’échanger avec d’autres passionnés de l’investissement! J’invite vos lecteurs à toujours garder en tête l’essentiel: il faut diversifier son patrimoine, selon une allocation adaptée à ses projets et à son tempérament. Et investir à long terme, en gardant la tête sur les épaules, sans céder à la panique ni à l’euphorie. Une fois que l’on est discipliné et que l’on suit sa stratégie, ce n’est plus qu’une question de mental.
Je remercie à nouveau Nicolas d'avoir accepté cet entretien. Et j’espère que ce partage d’expérience vous inspirera, et vous aidera à mieux déterminer où placer votre argent.
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